Des corps alanguis et des points de vue inhabituels… au ras du sol… le temps d’une sieste… offrent au regard une expérience nouvelle… un soupçon d’indiscrétion et d’innocence. Car la perspective nous aspire autant qu’elle nous donne la sensation d’être devenus tout petits face à ces géants imperturbables et aux étranges proportions. Le spectateur est comme une coccinelle, perchée au bout d’un brin d’herbe, le témoin par hasard d’un moment de détente ou d’intimité d’une toute autre espèce. “The Nature Poem”, l’exposition de Laurent Proux nous parle de ce moment d’osmose tranquille entre l’homme et la nature… une parfaite harmonie et un retour sur nous-mêmes à expérimenter du 30 août au 11 octobre à la galerie Semiose.

Photo : Rebecca Fanuele – Courtesy Semiose, Paris
C’est dans une perspective sensible, plus que mathématique (comme au chevet du Christ mort de Mantegna) que l’artiste intègre le spectateur dans la scène. Un regard à la première personne qui nous inclut… jusqu’en dehors du cadre. A moins que nous ne soyons la nature elle-même… habitée par ces personnages dont la nudité n’engendre aucune vulgarité ou vulnérabilité… aucune ambiguïté. Ils sont tout simplement au naturel comme si aucun péché n’avait jamais été commis dans le jardin originel. Il n’y a pas de conflit ni de tension dans les articulations de ces figures qui flirtent avec le surréalisme. Leur plastique semble presque élastique pour se fondre dans un mouvement naturel rappelant celui de l’ordre végétal… des lianes qui peuvent s’enrouler, s’étreindre, sans se briser… ou bien se laisser porter par le vent. Ce ne sont pas des corps en guerre mais des corps en paix avec eux-mêmes… bienveillants et assumés… jusqu’au bout des phalanges.

Photo : Rebecca Fanuele – Courtesy Semiose, Paris
Tactiles et fusionnelles, les figures le sont souvent entre elles mais aussi avec les éléments… et le décor qui les entourent. Elles se fondent dans le paysage, tandis que la lumière en sublime tous les reliefs et les contours comme une caresse de l’heure dorée à la surface de la terre. Les feuillages dessinent sur leur peau des motifs et des ombres qui deviennent un camouflage dansant. Ces hommes et ces femmes universels pourraient devenir allégoriques tant ils incarnent une beauté symbolique… un poème onirique. Ce sont des êtres doux et rêveurs qui nous ramènent à l’essentiel… une manière d’être ensemble et de tendre vers une nouvelle évolution. Pourrait-il s’agir exister au-delà des apparences et peut-être même laisser la nature reprendre ses droits ?.. Une métamorphose.

Huile sur toile / Oil on canvas
Photo : Rebecca Fanuele
Courtesy Semiose, Paris

Huile sur toile / Oil on canvas
Photo : Aurélien Mole
Courtesy Semiose, Paris
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