The Sky was Pink – Cristine Guinamand et Johan Bonnefoy

Au fond de la cour, l’Espace s’ouvre sur de nouveaux horizons qui tiennent autant de l’imaginaire que de la réalité. Le temps de l’été, à quelques encablures de Saint-Arcons-d’Allier, l’atelier se meut en lieu d’exposition où l’art contemporain rencontre la ruralité… en toute simplicité. Dans l’air plane encore l’odeur fabuleuse et caractéristique de la peinture à l’huile… un voyage olfactif… un éveil des sens qui met en condition le spectateur avant même d’ouvrir l’œil. Une mise en appétit comme un avant-goût de paradis ! On y trouve des aurores et des crépuscules… et l’on s’aventure sous des cieux devenus roses. “The Sky was Pink” est une exposition en duo où Cristine Guinamand et Johan Bonnefoy entretiennent une complicité paysagère… deux approches artistiques bien différentes et qui pourtant se comprennent si bien.  

Vue de l’exposition

Dans l’alternance et l’espacement des toiles, il existe un dialogue… des phrases et des ponctuations… des champs libres… des paroles et des silences. C’est un paysage qui défile comme une itinérance. Le spectateur ici est passager… celui qui se noie dans la toile comme dans la fenêtre d’un train en mouvement. Le paysage s’invente et se réinvente comme un poème… comme une météo ou un changement d’humeur. Ici ou là, se retrouver chez soi… reconnaître ses racines comme celles de cet arbre que l’on croise tous les matins. Le paysage, ancestral, comme un repère entre l’homme et la nature… cet endroit qui nous appartient et nous rassure… une image en nous qui raconte autant du temps qui passe que de notre passage. Une interpénétration, une “inter-imprégnation”, qui rend le paysage figuratif et le spectateur paysager. 

S’éloigner du réel et se laisser évaporer par les œuvres de Johan Bonnefoy. A l’orée d’un bois comme au bord de la rivière, l’ambiance atmosphérique transforme le monde visible en théâtre de l’imaginaire. Vivacité et douceur des couleurs, ombre et lumière, nuances et coulures… entretenir le flou et l’aura du mystère… entre les plans et les reliefs comme à la surface du miroir de l’eau… reflet du ciel et de l’implicite état intérieur. Ménager le suspense de ce qui se trouve au fond de la perspective… cet ailleurs qui nous prend aux tripes et nous rend explorateur. Le spectateur devient le protagoniste hors du cadre… le pionnier aventureux et solitaire d’un nouveau monde mystique et silencieux. Serait-ce un mirage merveilleux ou un instant immortel ? Sans doute une seconde capturée… dans l’état de contemplation de ce qui peut apparaître et disparaître dans un battement de cils… juste derrière nos paupières.

Avec Cristine Guinamand, comme dans un pays des merveilles… croire en l’impossible et passer de l’autre côté du miroir. Elle nous raconte en petits et en très grands formats, des fables “humaine, trop humaine”. Ici on peut entendre les oiseaux, les arbres et les soleils nous parler… un murmure. Ici les rôles sont inversés… l’observateur devient subitement l’observé… les yeux du ciel rivés sur lui comme une présence surnaturelle et une surveillance cosmique. Luxuriant et inquiétant, le récit en clair-obscur a une étrange familiarité qui nous attire de manière irrépressible. C’est une curiosité pour l’inconnu et l’au-delà. La monumentalité panoramique impose une double lecture… comme une valse énergique entre la vie et la mort… l’horreur et le sublime. Des percées lumineuses comme des clairières… des floraisons et des battements d’ailes… nous ramènent toujours vers l’espoir et la joie de vivre. Et c’est alors comme une promesse existentielle…

Jusqu’au 24 août

Plus d’infos :

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