Saisir… par le geste. Accrocher le regard comme les Sillages à fleur de mer… c’est ce que propose le FRAC Auvergne qui réunit une quarantaine d’œuvres de sa collection réalisées par 24 artistes. Jusqu’au 31 août, le spectateur embarque dans l’exposition comme sur une barque qui se laisse porter par le courant, plus ou moins fort, vers de nouveaux horizons.

Le geste commence par une impression… celle d’une lumière ou d’un paysage. Sous des apparences lisses, naît l’illusion d’un relief impalpable. Plus l’on se rapproche et plus se devinent les courbes et les interstices… ce que la matière a abandonné au crin du pinceau… au geste de l’artiste. Les couleurs s’évitent, s’effleurent, se superposent pour faire mentir le regard et l’emmener vers un ailleurs. Alors, le geste devient plus ample et virulent… agité comme une vague chargée d’émotion… l’expression d’une urgence. Dans le miroir de la toile, comme à la surface de l’eau… à travers les sillages, le reflet du spectateur succède à celui de l’artiste, dans un jeu de substitution et de contemplation. Le geste, comme une contagion, se transmet et ricoche de l’un à l’autre.


A l’étage, le geste s’accélère et fait prendre de la vitesse comme à travers la fenêtre de ce train qui met le paysage en mouvement… qui étire l’espace comme le temps qui passe. Et puis soudain il exhale le parfum des fleurs… l’éclosion d’un grand lys blanc comme d’un instant éphémère et nostalgique. Il y a aussi ce geste généreux qui prend corps dans l’épaisseur et la texture… un sillage épais qui capture l’ombre et la lumière comme une empreinte fossile. Ou encore le geste urgent qui voudrait retenir le temps et l’instant qui s’enfuit… mettre la vie sur pause et regarder infiniment. Et puis le geste charnel qui rend la toile vivante et organique… qui suggère ce qui se passe au fond du cœur comme au fond du corps… écorché vif et pourtant immortel.

Et puis soudain l’accalmie… quand le geste se retire comme la marée pour faire place à l’aléas… dans les plis, la couleur et l’absence. Ou quand le geste s’efface pour laisser voir l’autonomie du support et de la peinture. La toile s’affranchit du geste et de l’artiste pour suivre sa destinée propre… une forme de liberté retrouvée. La couleur devient son propre mouvement et sa propre lumière, parfois même une errance, dont le spectateur perçoit les modulations subtiles comme une trace mnésique ou la fréquence silencieuse d’un souffle calligraphique… une pulsation partagée entre lui et l’artiste.


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