Trois artistes pour une exposition intitulée “Spectrum”… à la Galerie Bessaud jusqu’au 31 mai.

Il n’est pas question ici d’un Pokémon fantomatique mais d’un spectre d’une toute autre nature… celui de la lumière visible. Ryan Crotty, Sebastiaan Knot et François Nugues nous livrent leurs visions personnelles… redonnant à la couleur toute sa dimension sensorielle. Il faut dire que l’œuvre d’art est le point de rencontre idéal entre l’œil et la couleur pour nous faire prendre conscience du phénomène optique qui définit et limite notre perception au quotidien. Nous ne voyons que ce qu’il nous est permis de voir physiquement, biologiquement… ce fragment d’ondes aux longueurs variables qui nous percute à chaque instant. L’exposition nous invite à prendre le temps de voir… et réaliser que nous vivons dans une grande abstraction… et une grande illusion… où les couleurs parlent directement à nos émotions.

Les œuvres de Ryan Crotty jouent sur deux dimensions… la superposition des couleurs et leur complémentarité. Par transparence, les couleurs s’ajoutent et se mélangent. On observe la formation des rayons comme une décomposition de la lumière blanche… phénomène commun à l’arc-en-ciel, au spectre de Brocken ou encore au verre posé sur une table en plein soleil. De cette manière, il rend visible le spectre et toute la palette de l’artiste. Les couleurs primaires et secondaires s’expriment, s’illuminent dans ce travail d’alchimiste… un savant mélange qui provoque un chevauchement comme des surimpressions aux airs d’aurores boréales.

Chez Sebastiaan Knot, le spectre se révèle d’une manière plus paysagère. A la manière de Rothko, la toile se divise en différents “champs de couleurs” mais se singularise par d’autres effets optiques. Il ouvre des horizons, entre aubes et crépuscules où la lumière paraît changeante. Il leurre le regard en simulant des profondeurs et des reflets qui donnent à la couleur un pouvoir magique et un mouvement perpétuel. Il crée des ambiances atmosphériques encore accentuées par les bords assombris de la toile. Il focalise ainsi le regard comme un effet vignette sur une photographie et intensifie le contraste pour capter l’attention sur ce qui est au centre de l’image… cette ligne médiane entre le réel et l’imaginaire, d’où part une forme d’écho… de résonance lumineuse.

Quant à François Nugues, la lumière et la couleur de ses toiles frappent comme à la surface d’un relief ou d’une texture pour mieux en souligner les aspérités, la douceur, la déchirure ou le tranchant. Il suggère des sensations possibles, non seulement visuelles mais aussi tactiles. Il donne l’illusion de la matière, du rayonnement, de strates, de plans successifs qui se propagent dans le lointain comme une onde. Les fréquences se répondent et se matérialisent dans ces géométries lointaines, aussi naturelles qu’artificielles. Il est alors possible de ressentir la vibration même de la lumière à travers le corps. Duotone, camaïeu ou palette plus élargie, la couleur joue souvent avec l’ombre pour mieux simuler l’objet, son mouvement, et tromper le regard du spectateur dans des profondeurs et des distances illimitées.
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