Dans le reflet de “Mon beau miroir” – Vincent Gicquel à la galerie RX&SLAG Paris

Jusqu’au 26 avril, la galerie RX&SLAG présente, à Paris, la deuxième exposition personnelle de Vincent Gicquel intitulée “Mon beau miroir”. Comme une incantation de conte de fée… ici la toile est le miroir… celui d’un corps aux prises avec la nature… une sorte de malédiction. C’est l’image qui apparaît comme de la buée sur un miroir et nous révèle le sort qui nous a été jeté… “naître au monde”. 

Vue de l’exposition – Courtesy RX&SLAG gallery – Photo : Théo Pitout

C’est une narration qui nous entraîne au cœur de la galerie, pour nous confronter à ces grands formats colorés et à ces humanités complexes et contradictoires. Les figures se dessinent au centre de la toile comme une apparition… une inquiétante étrangeté qui, selon Freud, nous est aussi familière qu’elle nous alerte. On se reconnaît dans ces miroirs magiques mais on se fait peur aussi. Le reflet nous renvoie à ces visages anonymes… ils pourraient être nous comme quelqu’un d’autre… derrière ces expressions floues et ses regards pénétrants. Ils donnent même parfois l’impression de porter un masque de comédie ou de tragédie… un rôle social. C’est tout le paradoxe existentiel, cette coexistence du rire et des larmes comme celle de la vie et de la mort. Ces êtres,  généralement seuls, apparaissent souvent suspendus au-dessus du vide… sur un Hamac ou sur un trône… ou bien flottant à la surface sur une bouée… une embarcation de fortune. Rester à la surface de la galerie… puis descendre au sous-sol comme dans les profondeurs contribue à renforcer cette sensation de flottaison et de submersion… cette appartenance à l’ombre et à la lumière dans la manière dont l’humanité essaye de ne pas perdre pied et de donner le change. 

Vue de l’exposition – Courtesy RX&SLAG gallery – Photo : Théo Pitout

Il y a une sorte de précarité et de vulnérabilité dans cette posture et la vie devient un état de survie et de résilience. On touche a une forme d’expressionnisme dans les horizons tumultueux et les regards tournés vers le spectateur… comme vers quelqu’un qui aurait fait intrusion. Le temps est suspendu sur la possibilité d’une méfiance ou d’une hostilité envers celui qui regarde… l’autre que soi. Les couleurs ont parfois des connotations toxiques… dans les radiations du soleil ou celle d’un corps qui semble enduit d’une substance acide… dégoulinante…. l’être dissout ou englouti par son propre environnement. Pourtant, il n’est pas question de désespoir ou de résignation… au-delà de la cage, du mur, de la dérive ou du naufrage… il y a toujours une lueur d’espoir qui surgit du miroir… trous dans le mur, ballons dans le ciel… comme la promesse d’un avenir meilleur. Vivre c’est finalement rompre la malédiction originelle. 

Peindre, repeindre… sous les couleurs et les aplats on découvre les vestiges d’une composition précédente. Il n’y a pas qu’une histoire… mais une histoire dans l’histoire… une mise en abîme…. comme il n’y a pas d’existence linéaire ou figée. L’œuvre n’est jamais finie, même d’une exposition à l’autre… alors pourquoi le serait-on ? L’artiste invite à expérimenter le “work in progress”… se réinventer en permanence… se remettre en question… faire l’archéologie de soi-même en se regardant droit dans le miroir. Le beau miroir c’est nous mais c’est aussi les autres.

Courtesy RX&SLAG gallery – Photo : Théo Pitout

Plus d’infos :

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