Après une exposition immersive au Musée de la Chasse et de la Nature l’an dernier, Tamara Kostianovsky revient à Paris avec un groupe d’oeuvres dont certaines ont été créées lors de sa résidence artistique, dans l’ancien atelier de Chaïm Soutine à la Cité Falguière en 2024. L’exposition intitulée “A fleur de peau” est à découvrir à la galerie RX&SLAG jusqu’au 1er mars.
Le titre est annonciateur… de l’ordre de la sensation. Que l’on y voit une référence à la matière du tissu ou à l’émotion du visiteur, il appelle une expérience sensible. C’est ainsi que le frisson se caractérise à la surface de la peau et se propage jusqu’au fond de la conscience… comme un instant fragile où tout peut basculer… du rire aux larmes.
Cette apesanteur gracile et paradoxale prend d’abord la forme d’un vautour devenu proie. Le charognard s’expose en victime et les rôles semblent s’inverser dans le contexte d’une chaîne alimentaire implacable. Suspendu par les pattes, tête en bas, comme un bœuf écorché… un morceau de viande dans la vitrine du boucher… l’oiseau devient vanité… une nature morte, à l’instar des oiseaux morts de Soutine. Expressive mais sans effusion de sang ou de douleur, la mort apparaît douce. L’oiseau n’a rien perdu de son envergure et de sa superbe. Ses ailes déployées, il tournoie comme une dernière danse ou un dernier envol. Solitaire et majestueux dans cet espace immaculé et ouvert sur l’extérieur, le vautour devient une icône sacrée… un martyr ou bien un phénix. Car à cet instant cruel répond une promesse d’éternité, lorsque le corps de l’oiseau vient à incarner bien plus qu’une nature mortelle… mais une part d’humanité.
Moins sombres que le vautour, on retrouve plusieurs œuvres où se détachent, en relief, des oiseaux aux couleurs paradisiaques et chaleureuses. Ils se fondent et se confondent dans une végétation chatoyante et fleurie… témoins perchés sur leurs branches… de l’état de la nature et du monde alentour. Ils sont là… à la frontière du végétal et de l’animal… entre bruit et silence… entre présence et absence. Est-ce un rêve ou un mirage… un paradis perdu… qui questionne la responsabilité des hommes?..
Le bois “textile”… lui aussi nous raconte la vie et la mort discrète… sous forme de souches, de tronçons ou de racines desquels jaillissent la lumière et l’espoir d’une nature survivante. Les chocs, les plaies, les trous, les aspérités, les cicatrices… écrivent une histoire singulière sur les lignes de vie de l’arbre. La matière devient chair, veines et ligaments… entre trophée et amputation. Mais la cassure est nette et la nature résiliente puisqu’une nouvelle forme de vie émerge toujours de ce qui reste… à fleur de peau…
Plus d’informations :
https://www.galerierx.com/fr/expositions/tamara-kostianovsky-4
ABSTRACT MIMESIS 