Refuge

La chapelle des Cordeliers pour Refuge au cœur de la ville d’Avignon… un mot symbolique pour une exposition et pour un lieu chargé d’histoire. C’est à la lumière des bougies que les visiteurs trouvent leur chemin vers l’entrée de l’édifice comme des justes en quête d’un accueil inconditionnel.

Les œuvres de Gian-Battista Lombardo et Julien Chivas s’y retrouvent dans un dialogue amical et naturel. Tandis que le premier propose des toiles et des sculptures aux allures de reliques ou de vestiges du passé comme des empreintes du temps… le second vient sublimer et éclairer la présence du corps… son élévation comme sa dégradation. Entre architecture et orfèvrerie, on y retrouve une référence contemporaine et précieuse aux châsses et reliquaires du Moyen-Age… Oreille, pied, doigt… autant de fragments d’humanité voire de sainteté qui prennent place dans la matière… comme fossilisés. Le fluide de la peinture sur la toile comme une présence éphémère et mortelle… tandis que le béton et le métal émergent comme une survivance et un soupçon d’éternité… la matière brute et la poussière comme ultime existence. L’exposition devient un corps à part entière et un pèlerinage pour le visiteur qui l’anime de sa propre circulation.

Dans le chœur, un visage regarde à travers l’espace comme à travers le monde… entouré de deux pans de toile où la poésie se mêle à l’abstraction des mots. Certains y devinent des visages… vision ou hallucination ? On y trouve aussi le gisant dont certaines parties du corps sont également soulignées par le métal… comme on surligne les idées importantes d’un texte ou d’une image… les morceaux choisis. A l’horizontalité du corps répond la verticalité des structures en métal situées dans la nef qui s’élancent vers les voûtes et occupent l’espace. Serties comme des pierres sur une monture, les transferts sur bois ont des allures d’icônes et de bijoux. Par accumulation, elles deviennent aussi architecture et invitent le visiteur à tourner autour comme une procession. Les images où se mêlent la vie et la mort, la paix et la violence… deviennent une vanité aux multiples facettes… où le corps nu voisine le corps noyé… jusqu’au triptyque des “doppelgänger” faisant face à celui du choeur… comme un retable flottant et fantomatique.

Au sol, le béton devient poussière… “Memento, homo, quia pulvis es, et in pulverem reverteris”… et trace sur le sol une ligne narrative à la base des structures en métal… Tantôt le visiteur se tient à distance… tantôt il y laisse son empreinte que le temps viendra effacer. C’est un récit du début à la fin… tandis que les bougies se sont consumées dans le soir pour laisser les traces de cire fondue sur le mur… le compte à rebours d’une soirée comme d’une vie…

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