STAN MANOUKIAN : PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS

Dessinateur chevronné, Stan Manoukian a déjà fait ses preuves dans l’univers de la bande dessinée, du design ou du storyboarding, lorsqu’il entame, en 2007, une série quotidienne de monstres qui durera trois ans et aboutit sur la publication du Diary of inhuman species en 2009. Depuis, les illustrations ont gagné en complexité et l’univers des monstres a continué de s’enrichir de nouvelles espèces plus intrigantes les unes que les autres. Son style unique et sa technique à la fois minutieuse et maîtrisée lui ont valu une reconnaissance bien au-delà des frontières de la France… et bien méritée.

Des petites bestioles farfelues, grognonnes, ébouriffées, espiègles, ou aux grands yeux irrésistibles ; jusqu’aux grandes créatures à l’allure mystiques ou légendaires… impénétrables… c’est tout un univers qui s’offre au regard dans les œuvres de Stan Manoukian.

Nul besoin de plusieurs planches ou vignettes, de bulles ou bien de texte… Ces images d’une richesse exceptionnelle se suffisent à elles-même pour nous entraîner dans une aventure fabuleuse. La scène et les personnages sont posés et l’imaginaire est immédiatement en action, l’expérience personnelle se met en marche comme un déclic ; un instinct de rêveur. L’esprit n’est plus à regarder l’oeuvre mais aspiré à l’intérieur ; un randonneur de l’instant.

Si elles peuvent avoir un parfum d’enfance (du monstre qu’on imaginait caché sous notre lit à la clairière de Totoro qui nous revient comme un souvenir poétique et nostalgique), ces œuvres éveillent en chacun (et pas seulement les plus jeunes) un appétit visuel, une curiosité presque scientifique. On voudrait explorer ces bois, ces clairières au crépuscule, pour y observer sans être vu et sans faire de bruit, ces créatures inconnues. On ne veut pas les déranger, les chasser, ni les domestiquer mais seulement s’émerveiller, un peu intimidés, de cette symbiose parfaite entre le monstre-animal et la nature. Leurs corps, leurs pelages prennent des airs de branchages, de feuillages… ou encore de champignons.

Bien que certaines œuvres soient colorées (notamment les éditions) c’est surtout dans les dessins en noir et blanc que l’on apprécie la maîtrise technique et la force du jeu entre les ombres et la lumière. Un rayon naturel qui se pose sur une clairière ou bien un effet projecteur surnaturel qui vient lécher le visage des créatures ; le clair-obscur souligne le caractère mystique et mystérieux de ces scènes hors du temps. Il creuse la profondeur et souligne le mouvement. La nature, la forêt grouillent dans une agitation ordonnée, remplie de vie. On y va seul mais on y est jamais seul.

La précision du dessin, proche de la gravure, témoigne de la virtuosité de l’artiste. Un pelage qui souligne un regard étonné, triste ou caractériel suffit à nous faire une idée du tempérament du monstre et à en éprouver de la sympathie, de la plaisanterie ou de la méfiance. Une fourrure réaliste au point qu’on aurait envie de la caresser comme ce gros matou qui ronronne sur la canapé. Des yeux comme des repères brillants dans la nuit qui impressionnent et intimident. Les gestes, l’expression des visages, une végétation luxuriante digne des planches naturalistes et botaniques… Bref une harmonie grandiose !

Il est également très intéressant et enrichissant d’observer le processus de création en comparant l’œuvre finie avec son esquisse pour constater que l’artiste ne laisse rien au hasard !

On aime :

  • la maîtrise technique
  • le traitement des ombres et des lumières
  • la précision et la richesse dans les détails (coup de cœur pour le pelage !)
  • la charge émotionnelle
  • l’immersion du spectateur dans l’oeuvre
  • la portée narrative
  • l’appel à l’imaginaire

Pour en savoir plus :

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Galeries :

Mazel – BE : https://mazelgalerie.com/fr

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Nucleus – US : https://www.gallerynucleus.com/

Image : Stan Manoukian