ERIC LACAN : LA JEUNE FILLE ET LA MORT

L’oeuvre d’Eric Lacan (aka Monsieur Qui) est un équilibre sublime et subtil entre le féminin et l’obscur. Macabre comme une danse où la mort et la vie se tiennent par la main, elle ne vire jamais au sordide ou à l’effrayant grâce à une poésie des contrastes ; une séduisante philosophie par l’image.

La maîtrise technique, en noir et blanc, n’est pas sans évoquer la finesse et la précision de la gravure. Le même soin des détails est apporté aux collages de rue, aux peintures (sur des supports allant de la toile au bois en passant par le dibond), aux dessins ou encore aux papiers découpés. Cette dernière technique, telle une dentelle, présente, de surcroît, une légèreté et une fragilité qui ajoutent encore à la profondeur de l’oeuvre et du sujet.

Eric Lacan nous oblige à prendre le temps, à s’arrêter pour apprécier le moment… de vie ! A l’heure où les réseaux sociaux pressent pour un débit d’art quotidien, du « junk art », il est si bon de mesurer la valeur inestimable du temps passé à produire une œuvre d’art. Ce ne sont pas des œuvres d’un jour mais des œuvres de toujours !

Des fleurs au parfum d’immortalité, des ronces, des vanités… accompagnent des figures de femmes immaculées à la chevelure féroce. Les animaux (sauvages ou considérés comme « nuisibles ») sont saisis dans l’instant… un saut, un rugissement… L’animal, le végétal et l’humain se mêlent avec grâce dans un esprit proche du cabinet de curiosités.

La mise en scène des expositions invitent également à une immersion profonde. On s’y éterniserait bien, avec en playlist personnelle le quatuor de La jeune fille et la mort de Schubert.

La Madone mérite enfin quelques lignes dédiées car elle est non seulement la première œuvre qui m’a amenée vers le travail d’Eric Lacan mais plus généralement vers l’art urbain. Du collage à l’emplacement d’une arcature aveugle d’une rue parisienne à l’édition par Print Them All en 2014 (dont certains exemplaires sont rehaussés à la main), cette œuvre remarquable en proportions et en équilibre a un côté intimidant. Centrée, nimbée d’un réseau végétal et de ronces, la Madone nous regarde droit dans les yeux, énigmatique et puissante… une rencontre inoubliable !

On aime :

  • la variété et la maîtrise des techniques
  • la poésie des compositions
  • la justesse du ton
  • la finesse et la précision du geste
  • l’esprit cabinet de curiosités
  • la force graphique du noir et blanc

Pour en savoir plus :

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https://www.instagram.com/eric_lacan/?hl=fr

https://cargocollective.com/monsieurqui

Galeries :

Galerie Openspace – FR : https://www.openspace-paris.fr/

Image : Eric Lacan